« Je savais que c’était dangereux de s’approcher des palais… Mais je voulais aider ces jeunes que le système a oubliés. »
Abdi Babalé, jeune zinderois de 32 ans, est un jeune formateur en menuiserie. Il gère un atelier dans la banlieue de la cité du Damagaram. C’est au début des années 2010, face à la recrudescence du phénomène des « palais », que le jeune Abdi décide de combattre ce monde terrifiant, le défi était énorme et les risques tout aussi grands. Les palais sont des gangs composés de jeunes issus de familles démunies, qui s’adonnent à divers actes répréhensibles (drogue, vandalisme, vol à main armée, viol, torture, désobéissance civile, assassinat…).
En 2012, il transforme son atelier en centre de formation et lui donne le nom de « centre UCJ entreprenariat social et solidaire ». L’objectif était d’apprendre à ces jeunes un métier, ce qui leur permettra de s’occuper et d’échapper à la vie de la rue. Selon Abdi : « Les jeunes animent les palais, parce qu’ils n’ont rien à faire ». Ainsi, avec l’aide de quelques amis, le centre d’Abdi forme, chaque année, 50 jeunes en menuiserie et en informatique. Il faut souligner que Abdi mène ses activités sur fonds propres : « je fais tout cela avec mes propres moyens… Je ne donne pas grand-chose à ces jeunes, mais je leur apprend à prendre leur vie en main ». Le seul partenaire qui ait soutenu le jeune homme dans son action reste l’UNICEF qui « vue ce que nous accomplissons, a décidé de prendre en charge la formation de 5 jeunes ». A ce jour, le centre UCJ a formé plus de 200 jeunes dans les domaines de l’informatique et de la menuiserie bois. Après leur formation, « les jeunes ne sont pas laissés à eux même. Certains continuent à travailler dans mon atelier, d’autres trouvent de la place chez mes amis ou chez d’autres personnes de bonne volonté » soutient Abdi Babalé.
Abdi est de ce que l’on peut appeler avec fierté le Nigérien nouveau ou encore le citoyen actif. Son histoire est une vraie leçon d’engagement. Elle constitue aussi la preuve que nous pouvons être utiles à notre communauté, sans forcément disposer de moyens financiers exorbitants. La vie de ce jeune homme nous apprend que ce n’est pas la grandeur de l’action qui est importante, mais son caractère constant aussi petite soit-elle.